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Laurence Toussaint aime bouger, saisir toutes les occasions de voyager, d’arpenter campagnes et forêts, d’inventorier les parcs et  jardins de nos provinces et de parcourir les continents. Pour capter, avec ses appareils et surtout son regard, la permanence changeante de la nature.
Parisienne et fille des villes, elle se passionne pour les vastes paysages et les menus détails,  l’imbrication du minéral et du végétal, l’énergie de la vie qui explose là où on ne l’attend pas. Posée quelque part, elle est déjà ailleurs, tournée vers un autre horizon, vers d’autres projets. En quête, sans doute, de la durée dans la fugacité du moment. Inquiète, sans doute, de la fragilité du vivant.
Les dix panoramiques qu’elle a choisis ici s’intègrent superbement dans le décor dépouillé et lumineux de ce bel espace. Ils marquent une étape dans  le travail actuel de l’artiste.
Le choix d’un format unique, déployé dans l’horizontalité et la verticalité, permet d’exprimer tour à tour, dans une rigueur extrême, l’envol vers un ciel vide, l’immensité des espaces et l’abondance de la végétation. Désir d’évasion, hors champ, et accueil de la puissance généreuse des plantes, de l’arbre. Car l’arbre est au centre de la recherche de l’artiste. Dans son élévation vertigineuse et l’étendue de ses branches. Dans ses structures durables et ses changements au long des saisons. Dans ses feuillages d’été et ses lignes squelettiques d’hiver. Chênes verts, oliviers, baobabs…
La technique et la qualité des tirages, ici par jet d’encre au charbon, sont au service d’une inspiration qui  traverse depuis toujours la recherche esthétique de la photographe : rendre compte, à travers la contemplation de la nature, de la permanence de la vie, du passage du temps, de la richesse des contrastes  et du dialogue constant de l’ombre et de la lumière. De la vie et du dépérissement.
La vision panoramique exalte la réalité, étire ou étale les formes, arrondit les lignes, transforme en ellipses les cercles les plus parfaits. Les branches d’arbres deviennent des tentacules malfaisantes, prêtes à  étreindre et  étouffer ou au contraire des formes protectrices et douces. Ambiguïté du monde.
Il y a peu d’humains dans ces photographies. Si ce n’est cette femme marchant sous les ombrages normands. Des traces de l’emprise de l’homme seulement, avec ces blocs de paille entassés dans un champ ou ces chaises vides dans les jardins enneigés. Comme si Laurence Toussaint voulait retrouver surtout la pureté des premiers matins du monde, la terre vierge et inentamée.

GPascaud, 2009